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Galerie Edouard Roch, Suisse

Communiqué de presse de l’exposition monographique des peintures et gravures d’Anne Mandorla à la galerie Edouard Roch à Ballens, Morges, Suisse, Juin-juillet-août 2005.

La galerie Edouard Roch présente les peintures et les gravures d’une artiste française, Anne Mandorla, découverte en Suisse au printemps, lors du salon d’art contemporain Art Forum de Montreux. La vaste galerie permet l’accrochage d’une soixantaine de tableaux, dont une dizaine de grands formats suspendus sur toile libre, évocant des peaux tannées. Ces peintures sont réunies en sept séries thématiques, réalisées sur plusieurs années.

L’artiste peint en alternance dans son atelier fixe à Paris et dans divers ateliers de plein air au fil de ses voyages sur le pourtour de la Méditerranée, en Afrique et en Asie. Avec une méthodologie voisine de celle des chercheurs en sciences humaines, elle façonne une “géographie temporelle” des lieux ou objets du passé, sites ou signes transitionnels, anciens pans de la connaissance masqués par un oubli provisoire et réactivés par la volonté du peintre.

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Séries Désenfouissements et Borassus

Puisant dans un réservoir de formes issues de dessins “primitifs”, la série “Désenfouissements” met en évidence les traces de rituels paiens ou mystiques célèbrant l’être humain créateur et démiurge, cependant non figuré - ou un être qui lui serait supérieur. Elle répertorie une collection d’objets liés aux cérémonies rituelles de sociétés ou de croyances profanes ou sacrées : plans, monuments, mobilier, outils agraires … Bordé de marges blanches neutralisantes, le fond rappelle les parois rugueuses des peintures rupestres paléolithiques.

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Observance

La créature “Basileus” est inspirée d’un haut personnage de l’Antiquité ; apparaissant en vue frontale, elle flotte en suspension, pour révéler l’aura du dignitaire tout en suggérant sa disparition.

Les “Laticlaves” arborent le rouge et le blanc des draps de lin et mettent en scène dans un espace lumineux et minimaliste des instruments de conservation ou de célébration.

Architectures de la profondeur et de la compacité, les “Sites liens” en noir et blanc sont troués de puits de lumière. Exhumant ruines, brèches et patines, ils font état des hasards de la destruction d’une civilisation sur un édifice, un oratoire, un sépulcre.

Les “Peintures nomades” dressent un inventaire des ustensiles des peuples nomades du désert, objets basiques ouvrés, taillés, tressés, tissés dans des matériaux périssables, extraits des végétaux, des animaux, des minéraux. Matières de survie, formes élémentaires, elles parlent de la sobriété imposée par le dénuement, tout comme les stipes de “Borassus” dressées.

Dans les “Peintures végétales”, il ne subsiste des grandes feuilles - prélevées à même le sol humide de la forêt tropicale et interrompues dans leur processus de désaggrégation - que la structure squelettique des nervures.

La technique utilisée par Anne Mandorla joue de la fragilité des matériaux : fin papier de riz marouflé sur toile de lin, pigments poudreux comme la poussière. Chaude et vibrante, la palette restitue les ocres des terres, minéraux, métaux oxydés et os calcinés utilisés déjà par l’homme primordial. Les formes simples sont posées sur une matière composée de strates. La peinture et la gravure s’offrent l’une à l’autre leurs spécificités techniques : la peinture emprunte le trait incisif du burin tandis que les tirages d’une plaque de cuivre s’enluminent d’une macule préalablement peinte.

Issue des racines de la terre de ceux d’avant, cette peinture historiée nourrit la vie de ceux d’aujourd’hui : sans nostalgie, ce regard ouvre nos bibliothèques personnelles et marque l’évolution du genre depuis l’archaisme de l’humanité, en révélant l’impermanence des situations et de la matière des êtres et des choses - métaphore de la peinture et de l’acte de peindre.

Anne Mandorla ne se soucie pas de figurer ce que les yeux voient ; elle nous offre son rapport sensible au monde, inscrit dans la temporalité d’un art contemporain symboliste : une oeuvre de l’intérieur.





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Clichés Anne Mandorla et Nicolas Pfeiffer.