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Février 2019 - Article de Christophe Comentale dans Sciences & art contemporain IN – MH – OUT – OFF

Article publié dans le blog
Sciences & art contemporain IN – MH – OUT – OFF

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A propos d’une œuvre d’Anne Mandorla, "Porte en Chine" (2018)

par Christophe Comentale

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« Homme craintif, tenant rentes et cens

Des Muses, crois, si jamais tu descends

Au val de peur, qui hors d’espoir te boute,

Mal t’en ira : pour ce à moi te consens

En déchassant crainte, souci et doute ».

(Clément Marot, Bon espoir, envoi de la ballade)

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Anne Mandorla, gravure "Porte en Chine"

—(ill. 1) Anne Mandorla, Porte en Chine (2018), Assemblage-collage de gravures sur cuivre et sur bois, 6,4 x 10,3 cm. (coll. particulière)

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Aux confins d’une, de deux ou de plusieurs autres civilisations, Anne Mandorla, peintre, graveuse, historienne de l’art et voyageuse, continue depuis plusieurs décennies d’aller au fil d’œuvres qui savent traduire ses synthèses, des expériences nées d’un imaginaire en constante interrogation et de curiosités nourries de ses envies les plus diverses.

Comme elle le rappelle dans un entretien, « chacun voit le paysage selon son regard et sa personnalité. Ma perception vécue est celle d’une artiste arpenteuse, observatrice, voire contemplatrice. Mes peintures allusives sont prétextes à jouer du spectacle de la nature, rappelant à l’humain qu’il gravite dans un monde impermanent (ou « monde flottant », pour le Japon ancien) ». Cette courte citation permet de comprendre les intérêts larges de cette créatrice indépendante et en renouvellement constant de ses images, qu’elles soient réalisées au lavis, à l’acrylique ou en taille-douce, entre unique et multiple.

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Wang Jieyin,gravure " Porte monumentale"
—(ill. 2) Wang Jieyin, Porte monumentale (1986), Gravure sur bois, 14 x 6,5 cm (coll. particulière)

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L’idée de cette évocation d’une œuvre d’Anne Mandorla m’est venue après la remise d’un article à paraître dans la revue Art et métiers du livre (livraison de mai 2019). L’idée est aussi née en pensant, par ailleurs, à une confrontation Est-Ouest pour un colloque à venir. Je me suis rappelé avoir rédigé pour la revue Le bois gravé (février 1987, n° 14) un article La gravure sur bois en Chine. En fin d’article, une œuvre (ill.2) de Wang Jieyin, Porte monumentale (1986) montrait une porte fortifiée de ville chinoise à laquelle un petit personnage en ombre donnait une échelle particulière.

Comme parallèlement, de façon insidieuse, assez récemment, une œuvre d’Anne Mandorla s’est imposée à moi (ill. 1) : comme une section de paysage qui serait vue d’un train ; une image déjà abandonnée, rejetée dans la distance du trajet effectué et qui ne cesse de croître pour faire se succéder des évocations fugaces mais appelées à resurgir, comme des signes nomades en quelque sorte.

A la partie inférieure de cette petite estampe ou « estampette » comme aime à les appeler Anne Mandorla, pour qualifier ces œuvres considérées comme des pièces créées pour le plaisir, la légèreté d’un geste, d’une pensée en déchassant crainte, souci et doute, mais à forte structure, comme un sol de sable et de terre produit un ruban de lavis ocre semblable à une base désertique, tandis que la partie supérieure, un paysage dans les gris brumeux ou acérés, laisse entrevoir une sorte de bâtiment fortifié dont l’avant-toit rappelle ces constructions chinoises si caractéristiques.

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Anne Mandorla, gravure "D'une belle eau "
—(ill. 3) Anne Mandorla, D’une belle eau (2018) Gravure sur cuivre rehaussée aux pigments et colles, 6,5 x 12,3 cm (coll. particulière)

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Cette rapide analyse dit le caractère léger de l’œuvre, « produite entre l’automne et l’hiver », caractère que l’on distingue aussi sur telle autre (ill. 3) qui a un fond comme en aima Hercules Seghers ou bien avec telle autre dont la cuvette profonde renvoie à un gaufrage improbable (ill. 4), né d’une observation d’objet qu’elle a sublimé à l’égal d’une ethnologue du hasard…

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Anne Mandorla, gravure "Mandorle"
— (ill. 4) Anne Mandorla, Mandorle (1995) Gravure sur cuivre, 10,3 x 2,1 cm (coll. particulière)

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Eléments bibliographiques
◾Anne Mandorla, Peintures nomades, textes d’Anne Mandorla, Christine Peltre et Claire-Cécile Mitatre. Paris : Somogy, 2008. 79 p. : ill.
◾Cahiers pour méditer, œuvres d’Anne Mandorla. Charenton : chez l’auteur, 2019. Non folioté. Cinq cahiers, originaux et de formats différents, contiennent des peintures réalisées au pigment-colle.

Nota bene : les dimensions portées sont celles des plaques, les œuvres sont en général présentées sur des feuilles de 14,8 sur 21 cm.


Christophe Comentale :
Enseignant à l’Institut catholique de Paris, spécialité Asie,
Conseiller scientifique au Musée chinois du quotidien,
Chercheur au Musée national des minorités de Pékin,
Conservateur en chef honoraire au Muséum national d’histoire naturelle


Notule de février ; Publié le 2019-03-01

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Alain Cardenas-Castro / Christophe Comentale

http://alaincardenas.com/blog/oeuvre/notule-de-fevrier/#more-3200





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